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Je crois que je vais faire un blog...
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20 juin 2008

L'origine

Elle ne parle jamais beaucoup, je lui ai d’ailleurs longtemps reproché de tant se taire. Moi que le silence incommode tellement… Avec le temps j’apprends à me taire autant qu’elle, et à ne plus systématiquement interpréter son mutisme comme une source de conflit. Il faut comprendre à demi mot les phrases lapidaires qu’elle peut dire. Il ne faut jamais espérer avoir un jour plus d’explications que celle qu’elle aura décidée de donner, ou pas.

J’étais jeune et j’ai mis du temps à surmonter le sentiment de rivalité dans lequel je me sentais engagée vis à vis d’elle. J’étais jeune, et j’étais féroce, dans mes regards, dans mes éclats de voix, dans mon indifférence affectée, et elle a mis du temps à y voir autre chose que de la méchanceté à son égard. J’étais jeune et paralysée de constater que je pouvais parfois finir ses phrases, et qu’elle devinait avant moi souvent les instants où je sombrais.

Je l’ai jalousée, je l’ai maudite, je l’ai haïe, quand la tension était trop insupportable, quand les comparaisons ne tenaient pas le choc, quand l’incompréhension nous étouffait trop l’une et l’autre.

Et puis j’ai essayé de l’ignorer, de nous construire sans elle, comme si elle n’avait pas d’importance, en niant tout ce qu’elle fondait pourtant. Comme si ce qui avait fonctionné chez moi pouvait fonctionner avec elle. Comme si je pouvais la contraindre frontalement comme j’avais contraint les Miens.

Avant de comprendre toute la mesure qu’il fallait forcément adapter à cette relation. Avant de comprendre qu’elle était tout ce que les Miens n’étaient pas, qu’elle était tout parfois ce que je tentais d’oublier en moi.

Aujourd'hui, ce qui m'émeut dans nos silences conjugués autour des plats que nous préparons ensemble, c'est de savoir que la seule chose qui nous unit, c'est d'aimer viscéralement la même personne. Aujourd'hui, je l'aime juste de savoir qu'elle sera toujours l'unique femme qui aime autant, voire plus que moi - j'ignore sans doute à quel point une mère aime son enfant - mon Elixir.

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Commentaires
P
@MmeDoudou: oui, c'est bien d'elle que je parle, et oui bien sûr, tu peux me tutoyer (et j'en ferai de même, d'accord?). J'ai mis du temps avant de réaliser qu'elle aussi reconnaissait l'amour que je portais à Elixir, et j'ai mis du tant aussi à imaginer tout l'amour pour sa fille qu'il pouvait y avoir derrière toutes ses maladresses...<br /> <br /> @22: merci mademoiselle :P
2
très très joli texte. vraiment.
M
La maman de mon amoureux (parce que c'est bien de la maman de ton amoureuse, dont tu parles ? - je te tutoie, tu veux bien ? -) et moi, nous nous ressemblons autant que nous pouvons être différentes. Elle m'impressionne parce qu'elle me parait tellement plus forte que je ne saurais l'être. Mais, je sens qu'elle reconnait en moi l'amour que je porte à son fils et je sens en elle l'amour qu'elle porte au mien (son petit fils). On aime les même hommes, ça nous lie aussi.
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