Gay Pride in Marseille
C'était hier ma 2ème gay pride, à Marseille toujours, mais ma toute première sous les couleurs revendicatives d'SOS Homophobie. Nous étions assez nombreux, et bien visibles, grâce à nos tee shirt de couleur improbable(!).
Je me suis souvenue de l'an dernier, où nous nous étions jetées, Elixir et moi, dans la foule, non sans appréhension pour cette première, et un peu perdues, toutes les deux dans ce grand cortège...
Hier, nous arrivions en force, finalement. Il y a cette impression rassurante, dans l'engagement associatif, de ne plus être soi en tant que tel, mais au service d'une cause, et de s'effacer, naturellement, derrière cette cause. Il n'y a peut être que dans les actions associatives que cette pression sociale que l'on s'auto-imprime cesse de peser sur soi, on n'a pas à effectuer telle ou telle performance, ni à donner telle ou telle image personnelle, on a juste à faire exister une cause. Quelque part, c'est idiot sans doute, mais c'est rassurant.
Il demeure toutefois une certaine amertume de cette gay pride, le sentiment que finalement, le cortège, toujours plus festif, se fait de moins en moins représentatif, et revendicatif, essentiellement peuplé de tous jeunes adolescents, surtout là pour la musique, sans bien en comprendre tous les enjeux, et qui écarquilleront grand les yeux quand il nous croiseront, en Tee Shirt Rose SOS Homophobie le soir même sur la Canebière...
Le sentiment aussi que passées les quelques petites heures où la population marseillaise nous regarde, avec bienveillance, défiler, quand vient le soir et que deux hommes isolés se tiennent la main sur le vieux port, les regards se font plus insistants, moins agréables...
Le sentiment enfin que la prise de conscience ne dure que le temps du défilé, que le temps des discours, que le temps des comémorations en hommage à Pierre Seel et aux déportés homosexuels victimes de la barbarie nazie, et que sur le long terme, tout cela demeure assez vain.
Je ne sais plus parfois si cette impression d'immensité face à la tâche à accomplir tient simplement au fait que nous n'en sommes finalement qu'aux extrêmes prémisses, ou si ce n'est pas plutôt qu'un cycle, qui nous brasse, et nous ramène régulièrement au point de départ, nous fait reculer de trois pas sitôt qu'on en a fait deux en avant, j'ai peur parfois, que d'épuisement, un jour, on se noie.
Heureusement toutefois nos convictions, les discours des élus, et les avancées, petit à petit...
Et pour finir une pensée pour Jull, que j'ai été très heureuse et agréablement surprise de rencontrer sur place, merci d'avoir pensé à venir me voir! ;)