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Je crois que je vais faire un blog...
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22 octobre 2007

Jubilons ensemble

Entendons-nous bien, je vomis Sarkozy, sa politique d 'immigration, sa politque économique, fiscale, sociale,  sociétale, sa médiatisation, sa peoplisation, ses méthodes, sa violence, sa démagogie, son nationalisme, son agressivité. Tout en bloc, je vomis.
Tout en bloc, sauf... sa réforme des retraites, et plus précisément, sa réforme des régimes spéciaux.

Depuis des décennies maintenant, les gouvernements successifs cherchent à assurer la pérennité du financement du système des retraites en France. Depuis des décennies, les régimes spéciaux des milieux socioprofessionnels les mieux syndiqués échappent à cet effort de financement et de rationalisation, au seul moyen d'un bras de force social, dont, compte tenus des moyens structurels dont ils disposent (transports, énergie), ils ressortent vainqueurs.
J'espère sincèrement que ce ne sera pas le cas cette année.

La réforme de 2003 avait épargné les régimes spéciaux. En dehors de la Fonction Publique d’Etat, cela concernent 6,4% des pensions versées. Ces régimes sont équilibrés grâce à des subventions ou des taxes affectées.

Aujourd'hui, les salariés de la SNCF par exemple invoque la pénibilité de leur travail pour préserver leurs conditions dérogatoires de départ à la retraite. Il faut rappeler que l'âge moyen de départ à la retraite pour un employé de la SNCF est de 55ans; il faut rappeler également que l'âge moyen au décès des employés de la SNCF est de 80,1ans. Il est donc manifeste que l'espérance de vie des cheminots, n'est plus, comme par le passé affectée par les conditions de leur profession.

A titre indicatif, celle d'un ouvrier du secteur privé, qui sera parti à la retraite entre 60 et 64ans, n'atteint pas les 70ans...

En outre, la démographie dans la plupart de ces secteurs laisse attendre une baisse de cotisants et une augmentation du nombre de pensionnés. Ainsi, pour les Industries Electriques et Gazières, on compte aujourd’hui 1,14 cotisant pour 1 pensionné, et on passera à 0,81 cotisant pour 1 pensionné en 2020. Il faut donc bien admettre que de plus en pus, ces régimes spéciaux auront besoins de financements extérieurs pour assurer les pensions de leurs retraités.

Il me semble aberrant qu’en 2007, après des années et des années d’alerte sur l’état des comptes de la Sécurité Sociale, certains continuent à défendre aussi farouchement des « acquis » d’un autre âge. Il me semble d’ailleurs tout aussi aberrant de considérer ces conditions qui ne sont ni plus ni moins que des avantages certains comme des « acquis » justement. Tout évolue. Leur profession a évolué, la société a évolué, l’économie a évolué, la démographie a évolué, il est normal, et nécessaire que les régimes spéciaux évoluent aussi.

C’est une question d’équité sociale. Si l’on accepte que les employés de la SNCF partent à la retraite à 55 ans, il faudrait alors le permettre aussi pour les ouvriers du BTP, vous savez le couvreur de 57ans qui monte encore sur son toit, en plein hiver, par –5 degrés ? Eh bien oui, du moment qu’il ne pleut pas, du moment qu’il ne neige pas, il faut bien travailler ! Il faudrait le permettre aussi par exemple pour les employés des péages autoroutes, vous savez, ce qui passent leur nuit, inconfortablement assis dans leur cabine exiguë, à attendre l’automobiliste ou le chauffeur routier nocturne ? Ce n’est pas de la pénibilité du travail, tout cela, peut être ? Sauf que c’est impossible que tout ce monde-là ne cotise que 37,5ans. On criera au nivellement par le bas. Alors qu'il s'agit de réalisme. Pas besoin de voter à droite pour en être convaincue. J'irais même jusqu'à dire que ce genre de débat s'affranchit de toute appartenance politique.

La durée de cotisation reste le seul paramètre sur lequel nous disposons d’une certaine marge de manœuvre pour assurer l’avenir des retraites en France : il est en effet impossible de baisser le niveau des pensions (le taux de remplacement moyen aujourd’hui n’est déjà plus qu’à 69%) , tout autant que d’augmenter le niveau des cotisations sociales (qui sont en France parmi les plus élevées d’Europe et l’objet de bien des contestations déjà). Alors on fait comment, si on ne loge pas tout le monde à la même enseigne ? J’entends déjà hurler sur le régime des parlementaires. Mon sentiment vis à vis d’eux est le même : les pensions accumulées qui leur sont versées sont aberrantes. J’espère follement (et illusoirement sans doute, mais c’est un autre débat) qu’on les rationnalise aussi. Cependant, il convient de rappeler que le ratio de population concerné par ce régime des parlementaires est tout de même sensiblement inférieur à celui de la SNCF, de la RATP, des IEG et de l’Armée cumulés.

Finalement, je trouve que le véritable échec de la démocratie sociale il vient de nous directement : qui préfèrons visiblement gaspiller notre temps et notre énergie dans de vains combats, à défendre d’antiques privilèges, plutôt que de nous pencher sur les vraies menaces portées par ce gouvernement : la réduction du nombre de professeurs, la fermeture des tribunaux, cet imbécile système des heures supplémentaires défiscalisées, la dépénalisation des délits financiers au sein de l’entreprise, l’immigration et les tests ADN, tout ce qui vraiment, réellement, met en péril notre équilibre; bien plus que le confort bafoué de ce qui reste une minorité.

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Commentaires
T
Polysémie, je n'ai pas fait grève ce jour-là parce que je crois qu'un jour ou l'autre il faudra aligner les retraites. Pour autant, j'ai appris quelque chose de stupéfiant en en discutant avec M. Tell qui travaille à l'EDF. Tout le monde clame que ce sont les "non-privilégiés" qui paient pour que les "privilégiés" partent plus vite : c'est entièrement faux à l'EDF où la CCAS est entièrement auto-financée. Personne d'autre que les salariés EDF n'intervient. Qui plus est, comme la CCAS est excédentaire, elle verse depuis plusieurs années une somme très importante (dont j'ai oublié le montant) pour subventionner les régimes classiques. Edifiant, non ? Ce seraient alors les" privilégiés" qui paieraient pour les "non-privilégiés" ??<br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> <br /> : si les agents non sédentaires partent plus vite
C
Bonjour!<br /> Je pense qu'il conviendrait plutôt d'aligner les régimes des salariés du privé sur ceux des salariés du public. Donner à tous plutôt que de retirer à certains me parâit plus juste et plus logique, tout salarié effectuant une tâche pénible devant en effet avoir le droit de partir plus tôt à la retraite.<br /> Mais je ne suis qu'une utopiste bête et naïve ,et il semble que le nivellement vers le bas, vers le moins, soit plutôt à l'ordre du jour...)-:
E
Je n'ai pas parlé du gouvernement actuel, seulement peut-être pour dire qu'en 2003 on a fait exprès d'exclure les régimes spéciaux de la réforme, parce que si on avait eu la sncf avec nous dans les grèves, on aurait peut-être gagné. Allonger les cotis' d'accord, mais ne pas baisser nos salaires et notre pouvoir d'achat. Je bosse de plus en plus pour le même salaire ce qui équivaut à la même chose qu'une baisse. De plus il y a le fameux argument de la vie qui s'allonge, alors que des tas de maladies dûes à la pollution n'existaient pas il y a 40 ans et vont faire baisser cette espérance de vie, et donc les gens ne profiteront plus du tout de leur retraite. Pour répondre à ton exemple, je me souviens que mon père disait toujours qu'il aurait trouvé plus juste un salaire un peu plus haut et payer le train, car finalement tout le monde ne peut pas en profiter. Et puisqu'on est dans les exemples anecdotiques, ma mère est morte à 53 ans, même pas en retraite, et mon père en a profité un peu plus longtemps (69 ans), mais seul. Alors ça doit être pour ça que je ne crois pas à leur argument de l'allongement de la vie.
P
Je ne suis pas d'accord avec vous sur certains points. Vous parlez comme si cette idée de réformer les régimes spéciaux était née du dernier gouvernement en fonction. Cela fait 20ans que l'on tire la sonnette d'alarme concernant les retraites, dans tous les secteurs, public, privé, et donc dans les secteurs concernés par les régimes spéciaux. <br /> <br /> Je vous suis sur les contreparties qui doivent exister, dans le public, aux conditions salariales moins avantageuses, et qui peuvent effectivement se traduire par une durée ou des conditions de cotisation moins contraignantes. Cependant, nous sommes aujourd'hui arrivés à un point où les retraites ne peuvent plus être le sujet de ces contreparties. <br /> <br /> Il en existe d'autres: les conditions de cotisations sociales pour un employé du public sont moins contraignantes que dans le privé, et quoi qu'on en dise, la sécurité de l'emploi, aujourd'hui, est une contrepartie de taille: un ouvrier du privé qui cherche un appartement aura beaucoup moins bonne presse auprès du propriétaire qu'un salarié du public, qui ne gagne pas forcément plus, mais qui lui pourra garantir la possibilité de payer chaque mois son loyer. Dans le privé, l'employé ne sait pas si six mois plus tard il en sera au même point. <br /> Il y a d'autres éléments, plus anodins, mais qui en sont quand même: les voyages gratuits pour les employés de la SNCF, les comités d'entreprise très généreux des IEG: je me souviens de mes petites copines, qui partaient en colonie, pour presque rien, "avec EDF", qui avaient des "Noêl de l'EDF", qui avaient chez elles les télécommunications gratuites quand leur parents travailler à France Télécom... <br /> <br /> Je ne tape pas sur les fonctionnaire, bien loin de moi cette idée, je passe actuellement des concours pour devenir moi-même fonctionnaire. J'ai un énorme respect pour le service public, et pour les agents de services publics. Je suis bien consciente des contraintes qui existent dans ce secteur, aussi, et des inconvénients qui contrebalancent ces "avantages" sus-mentionnés. <br /> <br /> Je vous suis aussi sur la nécessité sans doute de revaloriser les salaires de la fonction publique. <br /> <br /> Mais ce que je voulais souligner sur ce post (volontairement) un peu provocateur, c'est qu'on ne pouvait plus faire des retraites ce que l'on en voulait. Hurler parce qu'on remet en cause 70ans d'acquis sociaux me paraît archaïque, il faut accepter d'évoluer. Le privé et une grande partie du public ont vu leurs conditions de retraites modifiées, je pense, sincèrement, et au delà de tout positionnement politique, que c'est un mal nécessaire. Et il me semble être un profond égoïsme que de vouloir préserver des situations si inégalitaires en terme de retraites, au détriment, c'est évident et automatique, des générations futures. Si l'on continue ainsi, le consensus intergénérationnel n'y survivra pas, et vous verrez, LA ce sera "diviser pour mieux régner". <br /> <br /> Pour les sources de mes chiffres, Ed, je reviendrai, promis! ;)
E
Où as-tu trouvé tes chiffres avec la moyenne d'âge des cheminots et des autres ? Ca m'intéresse.<br /> Sinon, assez d'accord avec Emy. Tous les régimes "spéciaux" ont été négociés avec des contraintes ou des sacrifices d'autre part, et ensuite on change les règles. C'est pareil avec l'éducation nationale, et les dix mois de salaires répartis sur douze au départ. Aujourd'hui, on nous dit qu'on a trop de congés, et on nous en supprime un peu tous les ans depuis 25 ans. Et tous ceux qui ne sont pas dans l'Educnat trouvent ça normal. Diviser pour mieux régner, c'est vieux comme le monde, et je vois que ça marche encore.
Je crois que je vais faire un blog...
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